
SORTIE A DOUARNENEZ 25 SEPTEMBRE 2010
DU TREGOR VERS LA CORNOUAILLE
Levés tôt matin, par cette fraîche et belle journée de début d’automne, 54 courageux membres de l’ARSSAT quittent le TREGOR à 7h30 précises pour se rendre en CORNOUAILLE. Le soleil sera au rendez-vous…
Tout au long du trajet en car, nous évoquerons les principaux sites traversés :
Les montagnes d’Arrée et le Yeun Elez
Après avoir passé PLOUNEOUR-MENEZ, nous apercevons les sommets des Monts d’Arrée avec sur la gauche : Roc’h Tredudon, à 383 m d’altitude surmonté d’un pylône de 220 m et sur la droite, dans le lointain, les côtes du Léon et la mer.
La traversée des Monts d’Arrée nous offre un spectacle grandiose avec le YEUN ELEZ, grande étendue de marécages et de tourbières, lieu qui alimentait les légendes de la mort et des korrigans…
En fond, on aperçoit le lac de Brennilis avec sa centrale en voie de démantèlement. Le Mont Saint-Michel de Braspartz surmonté de sa chapelle nous domine. Toute cette région fait partie du parc naturel d’Armorique depuis 1969. Dans le lointain, l’on distingue la chaîne des montagnes noires dont une partie longe la Baie de Douarnenez.
Cast
Après Braspartz et Châteaulin, nous nous dirigeons vers le Porzay. En traversant CAST, nous admirons le monument en kersanton dit de la chasse de St Hubert.
Le Porzay – Menez-Hom
Puis nous arrivons dans le Porzay avec son MENEZ-HOM qui surplombe la Baie de Douarnenez. LeMENEZ-HOM,en forme de dôme culminant à 330 m à 6 km de la mer est l’un des monts sacré de l’Armorique. Il servait de poste de guet où on y allumait un feu signal répondant aux feux allumés à l’Ile d’Ouessant.
Manoir du Moëllien
Nous passons devant le célèbre manoir du Moëllien et sa chapelle de la Clarté. Ce manoir daté de 1642 est l’un des plus beaux édifices du Porzay avec ses parties renaissance Bretonne.
Famille de Moëllien, ancienne extraction, portant : D’azur à un anneau d’argent, touché et environné de trois fers de lance de même – A la devise : « Sell Pobl » (Regarde peuple).
Jean-Marie LE BRIS (1817-1872)
Avant d’arriver sur Douarnenez, Roger LE DOARE évoque la vie du célèbre Jean-Marie Le Bris, premier homme volant au monde sur un engin plus lourd que l’air.
Baie de Douarnenez – la plage du Ris
A 9h30, depuis la plage du Ris, nous admirons le spectacle grandiose de la Baie de Douarnenez qui s’étale sous nos yeux jusqu’au Cap de la Chèvre, bordée de ses immenses plages.
Manoir Kerlouarnec – Dr LAËNNEC
Avant de gagner le Port-Rhu, nous passons devant la charmante petite chapelle de Sainte-Croix (chapelle funéraire de la famille HALNA du FRETAY) et devant le parc du manoir de Kerlouarnec, ancienne propriété du docteur René, Théophile, Hyacinthe LAËNNEC (1781-1826) célèbre pour son invention du stéthoscope. A noter qu’une grande affection l’unissait à sa « petite tante » Madame Théophile-Anne-Françoise LAËNNEC qui avait épousé en 1800, Amand-Marie de MINIAC, juge d’instruction et maire de LANNION. Le couple avait acquis le manoir de Trorozec en 1810.
Douarnenez :
« D’azur à la clé renversée et posée en pal d’or, l’anneau en losange pommeté, le panneton figurant une ancre » – Devise : « Dalc’h mad » ( « Tiens bon »).
Douarnenez :
Du breton « douar » (terre) et « an enez » (l’île) ou les terres de la seigneurie de l’Ile Tristan.
Le premier document connu relate l’histoire de l’Île Tristan ou l’Île de St Tutuarn, premier sanctuaire donné en 1118 à l’Abbaye de Marmoutier (près de Tours en Indre-et-Loire) par l’évêque Robert de Locronan.
La plus ancienne église vers le port du Rosmeur est celle de Sainte-Hélène (XVe siècle). Cette chapelle desservait l’ile Tristan après la disparition de la chapelle St Tutuarn sur cette île.
A l’origine, Douarnenez s’est constituée par le rassemblement de plusieurs sites : le port de pêche du Rosmeur, le port de commerce du Port Rhu et de plusieurs hameaux dont celui de Plomarc’h.
Le site des Plomarc’h atteste de la période romaine par la présence de cuves à garum et de salaisons. Il fut fréquenté de la fin du 1er siècle après J-C. jusqu’aux années 275-280. C’est l’un des sites les mieux conservés d’Europe.
La paroisse de Douarnenez fut créée sur celle de Ploaré en 1875 et elle se dota d’une nouvelle église du « Sacré-Cœur ». La commune fut agrandie en 1945 en fusionnant avec les communes voisines de Ploaré, Pouldavid et Tréboul.
Douarnenez garde encore la réputation d’un grand port sardinier, même si les caprices de la sardine, au fil du temps, ont entraîné une diversification des pêches autrefois saisonnières. Jusqu’à la fin du XVIIIe, la sardine était salée pour sa conservation. En 1850, Nicolas APPERT découvre une nouvelle technique avec l’invention de la boîte à conserve, technique introduite rapidement à Douarnenez.
A la seconde moitié du XIXe siècle on comptera à Douarnenez jusqu’à 42 usines conserverie et 850 navires. Les hommes vont à la mer et les femmes travaillent à l’usine (« la penn-sardin » du nom de la coiffe portée par les femmes de Douarnenez).
C’est de Pouldavid que les toiles de lin de Locronan (appelées Olonnes), partaient à l’exportation. Le nom de Pouldavid, écrit de diverses manières, figure d’ailleurs sur nombre de cartes marines médiévales.
A l’époque des Guerres de Ligue (1576-1598), Guy EDER Sgr de La Fontenelle s’installe sur l’Ile Tristan avec son épouse Marie LE CHEVOIR. Une rue de Douarnenez en gardera la mémoire pour ensuite devenir rue Ernest Renan.
En 1921, Douarnenez devient la première municipalité communiste de France avec l’élection de Sébastien VELLY. En 1924, la grève des « Penn Sardines », les sardinières de Douarnenez, connu un retentissement national
Après le décès de S. VELLY, Daniel LE FLANCHEC est élu Maire de Douarnenez en octobre 1924. Il sera maire jusqu’en 1940.
Daniel LE FLANCHEC est né le 2 juillet 1881 au bourg de TREDREZ (22), fils de Jean-Marie LE FLANCHEC, bedeau né à Pleumeur-Bodou et de Françoise THOMAS née à Ploubezre.
Anarchiste, proche de la Bande à Bonnot, fondateur du Parti Communiste en Bretagne, il s’avère un personnage hors du commun. Tatoué, borgne, excessif, tonitruant, tribun exceptionnel, il crie partout ses révoltes et ses espoirs.
A Douarnenez, on disait de lui : « Hennezh’zo un den » Celui-là est un homme » !.
Adulé par les siens, marins et femmes d’usine, il rompt, en 1936 avec le Parti Communiste, suit un moment Jacques Doriot dans ses dérives populistes et terrasse le Front Populaire lors d’élections mémorables.
Quand les Allemands arrivent en juin 1940, il hisse, par bravade, le drapeau français sur la façade de la Mairie et refuse de l’enlever (acte rarissime, qui lui vaut d’être destitué).
Personne ne lui aura résisté…sauf une femme, sa compagne qui le livre à la Gestapo pour profiter de ses biens. Après une terrible épreuve, il achèvera son parcours au camp de Buchenwald…
Légende
Selon la légende de la Ville d’Ys, une cité prospère et insoumise aurait été construite jadis dans la baie, avant d’être engloutie par l’océan en guise de punition divine. Cette légende, mise en forme au XIIe siècle, recrée un passé mythique à la Cornouaille en se basant sur des personnages historiques ayant marqué la région avant l’an mil et l’époque des invasions scandinaves.
Lors de la submersion de la Ville d’Ys, Gradlon, roi de Cornouaille et sa fille Dahud quittent la ville sur le cheval Morvarc’h (cheval de la mer). Cheval fantastique il galope sur les flots. Les vagues rattrapant le cheval, St Guénolé demande au roi de laisser choir sa fille, figure du péché. Elle disparaît alors dans un énorme trou (Poull Dahud – Pouldavid).
MATINEE AU PORT-RHU
LE PORT-MUSEE :
Un musée pas comme les autres, consacré aux bateaux et aux hommes de Bretagne et d’ailleurs.
Deux guides vont nous entrainer dans les espaces du « musée à quai » qui couvrent 1500 m² d’exposition avec un éventail très varié de bateaux, des origines à nos jours, dont les célèbres chaloupes sardinières du port de pêche de Douarnenez.
En 1920, on trouvait à Douarnenez plus de 800 chaloupes sardinières. A partir de 1930, la pêche se diversifie avec des bateaux qui vont au Maroc et en Mauritanie.
A Douarnenez il y a eu jusqu’à 40 conserveries comprenant aussi des fritures et des petites presses dont quelques unes commercialisaient la sardine salée vers Bordeaux. La graisse récupérée de la presse des sardines était utilisée pour l’éclairage de Ville et pour imperméabiliser les vêtements des hommes qui partaient en mer.
Il existera aussi un important commerce de tonnellerie, car on utilisait beaucoup de barriques destinées au transport de la pêche.
Nous admirons aussi le plus vieux dériveur de plaisance construit en France en 1860, en métal et aux courbures très innovantes pour l’époque.
Puis la visite du Musée se poursuit par l’exposition « de Fjords en Abers, Sagas d’un négoce venu du froid ». Cette exposition a pris naissance suite à l’acquisition par le musée de la galéasse norvégienne « Anna-Rosa » construite en 1892. A l’origine elle était gréée à voiles et en 1940 elle sera équipée d’un moteur. Depuis le début de l’année, cette galéasse de 118 ans subit un véritable travail archéologique en matière de restauration avec l’utilisation du pin de Norvège. Cette restauration devrait durer 3 ans.
L’Anna-Rosa faisait l’aller-retour Nord/Sud des îles Lofoten à la ville de Bergen mais de nombreuses galéasses de ce type sont venues au Port-Rhu à Douarnenez.
La langue norvégienne parlée par les marins et les commerçants était familière aux Douarnenistes qui avaient coutume de dire de quelqu’un que l’on ne comprenait pas, qu’il parlait “Bergois”, en référence à la Ville de Bergen.
La rogue
Aux îles Lofoten où l’on pêche la morue, un appât, dénommé rogue, est élaboré à partir des œufs de ce poisson. La rogue est stockée dans des barils avec du sel. A partir du XVIIe siècle, des armateurs scandinaves livrent cette rogue à Douarnenez avant de descendre vers l’estuaire de la Loire pour y charger du sel et remonter en Norvège. Douarnenez était alors «une grande étape commerciale de toute cette flotte scandinave.
L’exposition retrace la vie d’un entrepôt Norvégien où l’on retrouve les noms d’un négociant Georg-Ferdinand VEDELER (1831-1878) et d’un vice-consul Henrik NICOLAYSEN (1828-1915), qui s’installeront à Douarnenez et y feront souche. La famille VEDELER était propriétaire de l’hôtel du commerce à Douarnenez dans lequel séjournaient de nombreux artistes, peintres, sculpteurs, poètes, musiciens (Théodore Valério, Jules Breton, Malarmé, Maupassant, Sully-Prudhomme, José-Maria de Hérédia, Massenet, Paul Huet, Charles Drouet….)
L’exposition présente des archives dont :
– Une déclaration du roi Louis XIV réglementant la pêche à la sardine (système de quotas et régulation des tailles et espèces, utilisation d’appâts (la rogue) pour la pêche à la sardine
– Une lettre rédigée par des norvégiens : commande importante à la Compagnie des Indes de deux vaisseaux
– Un télégramme émanant de Norvège destiné au Vice-consul annonçant le décès de la Reine, suivi de la mise en berne à Douarnenez du drapeau norvégien
– 2 cartes détaillant l’origine du commerce avec des négociants très puissants qui avaient créé la Ligue Hanséatique qui va implanter 4 grands comptoirs à : Bergen, Bruges, Londres, Novgorod .
Les goélettes norvégiennes transportent aussi jusqu’en Afrique du Nord des pains de glace de 20 kg conservés dans les bateaux avec de la paille. En 1930, la Ville de Douarnenez s’équipera d’une usine électrique fabriquant de la glace, grand bâtiment dénommé : « la glacière » dont il reste la porte.
La barque ailée de Jean-Marie Le Bris (1817-1872)
Nous avons la surprise de découvrir au musée la nouvelle exposition consacrée à l’exploit de Jean-Marie LE BRIS, évoqué dans le car par Roger Le Doaré.
En 1856, Jean-Marie LE BRIS, repris par l’idée de voler comme les grands oiseaux de mer, commence la construction de sa barque ailée. En fin d’année, elle est montée dans une grange de Tréfeuntec et, descendue sur la plage de Ste Anne-la-Palud à bord de la charrette d’un meunier du village. Elle est tirée face au vent par le cheval au galop, à l’aide d’un cordage progressivement relâché ; alors elle s’élève puis, libérée, fait une descente en vol plané, avec Jean Marie à bord de sa machine volante, ce qu’aucun homme n’avait réalisé jusqu’alors.
Visite de la CHAPELLE SAINT-MICHEL
Ce monument, un peu méconnu, est surtout remarquable par la décoration qui orne toute la surface du lambris. Les 58 panneaux peints représentent les scènes principales de la vie de la Vierge, du Christ, et sont complétés par d’autres thèmes chers à la Contre-réforme.
La chapelle a été édifiée en face de la petite maison qui avait été mise à la disposition de Michel LE NOBLETZ par un couple de négociant durant son long séjour à Douarnenez. C’est à l’instigation du père Julien MAUNOIR aidé par Mme ERNOTHON-PRATGLAS et Catherine DANIELOU, qu’est élevé le monument à la mémoire du missionnaire Léonard.
La 1ère pierre est posée le 12 août 1663. Autour du porche se lit la date de 1664 et sur le lanternon, 1665.
De plan tréflé, le bâtiment est éclairé par de grandes baies qui contenaient jadis les armes de la famille PRATGLAS.
Le retable à colonne torses (1666) et à chapiteaux corinthiens abrite dans les niches, les statues de l’archange Saint-Michel terrassant le dragon, entouré des représentations de Sainte-Anne et d’une vierge mère. A l’étage supérieur trône Dieu le Père soutenant son fils crucifié, le groupe est dominé par la colombe, symbole de l’Esprit-Saint.
Les peintures réalisées en 1667, décorant le transept et le chœur, sont l’œuvre d’Hamon FLOC’H, sieur de Pratanbars de Quimper. Elles représentent les évangélistes, les Docteurs de l’Eglise d’Occident, puis des scènes de la vie de la Vierge. On remarque une scène peu commune : le mariage de la vierge.
Du côté de l’épître, l’œuvre du même artiste a été effectuée en 1675 avec l’achèvement de la représentation de la vie de la Vierge, suivie par une composition symétrique associant Saint Pierre, Saint Paul, Saint Michel, Dom Michel LE NOBLETZ et le début de la vie de Jésus.
Du côté de l’Evangile, le culte de l’ange est à l’honneur. Les peintures du lambris de la courte nef sont, principalement du sieur de Hauteville en 1692. Sont représentées, la suite de la vie de Jésus, d’autres scènes en rapport avec l’apparition de l’archange Michel au mont Gargan en Italie, et une seconde représentation de l’Annonciation, déjà peinte en 1667 et répartie sur 2 tableaux séparés.
La statuaire, comprend 1 Saint Roch, 1 apôtre non connu, 1 Saint-François aux stigmates. Dans le bras sud est pendu un grand tableau représentant la Vierge tendant les trois couronnes à Michel LE NOBLETZ.
Michel LE NOBLETZ (1577 – 1652)
Michel LE NOBLETZ est né en 1577 à PLOUGUERNEAU dans l’Evêché du LEON.
Un jour qu’il va à QUIMPER, il a une vision : la Vierge lui apprend que « c’est là sur la côte qu’il doit travailler au salut des âmes ». Il s’installe à DOUARNENEZ le 22 mai 1617. Il entre dans la chapelle Ste Hélène et sonne les cloches battant le rappel. Les habitants arrivent en nombre croyant à un incendie. Michel Le Nobletz leur explique que « ce feu qu’ils semblent craindre n’est rien à côté du danger de perdre son âme ; S’ils ne s’adonnent pas à la pénitence, s’ils mènent une vie de péché, leur âme brûlera dans les feux de l’enfer ».
Michel LE NOBLETZ abandonne les prêches classiques pour des sermons empreints de catéchisme. Il pense qu’il faut mobiliser la vue des gens simples et peu instruits. Il prépare un grand nombre de tableaux : « les Taolennou » avec lesquels il enseigne les mystères et tous les devoirs d’un chrétien. Il les appelle « cartes » elles sont peintes sur des peaux de mouton.
En 1639, il quitte définitivement Douarnenez en raison de l’hostilité de nombreux habitants pour qui il restera « ar beleg fol » le prêtre fou ». Il s’en va prenant une barque pour le Conquet. Toute la ville se trouve un instant sur le port avec des cris et des gémissements.
Michel LE NOBLETZ meurt au Conquet le 5 mai 1652 à 75 ans. Le Père MAUNOIR qui se veut son disciple, lui donne la dernière absolution et prononce son oraison funèbre.
Le Père MAUNOIR rapporte que depuis deux ans plusieurs personnes entendent les cloches dans la maison habitée par Michel LE NOBLETZ à Douarnenez. Un jour de 1660, la vierge apparaît à Catherine DANIELOU et lui annonce qu’une chapelle s’élèvera bientôt à la place de cette maison…L’Evêque de Cornouaille, René du LOUËT, privé de l’usage de ses jambes se fait transporter dans la maison et aussitôt recommence à marcher. En reconnaissance, il ordonne qu’à l’emplacement de la maison une chapelle soit élevée dédiée à l’Archange Saint-Michel mais vouée à la mémoire de son maître. La Vierge communique à Catherine Daniélou les plans de cet édifice.
Le zèle de Michel LE NOBLETZ a porté ses fruits. « Douarnenez devint ainsi comme une cité monastique et l’esprit s’en manifestait presque dans les usages courants ».
Julien MAUNOIR dit « je peux témoigner qu’il n’y a pas de peuple plus instruit en France. Cette petite république ressemble à une école de théologie mystique… Douarnenez n’est plus un port, c’est une enclave bénie, une cité monastique, une église ! Voilà l’œuvre de Michel LE NOBLETZ… »
Ce lien étroit entre Michel LE NOBLETZ et les marins va dépasser les décennies et s’inscrire dans la longue durée. Au XIXe et XXe combien de bateaux vont porter son nom…
Le port du Rosmeur et « La Glacière »
Nous longeons le port du Rosmeur, l’ancien port de pêche de Douarnenez pour nous rendre au restaurant situé au bout du quai près de l’ancienne conserverie « l’usine rouge ».
Le long des quais se trouve une porte monumentale en provenance de l’ancienne glacière, bâtiment qui a été rasé pour la construction d’un immeuble d’habitations.
Une plaque fixée sur cette porte nous rappelle que le 18 juin 1940, au départ de Douarnenez, le bateau « Le Trébouliste », un langoustier à voiles de 50 tonneaux, rejoindra les « Forces Françaises Libres » en Angleterre. A son bord se trouvaient entre autres 115 élèves de l’école de pilotage du Mans et de Vannes et d’autres personnes dont deux tous jeunes gens, les frères Raoul et Maurice MALHOMME originaires de Douarnenez.
DEJEUNER
Après cette matinée bien chargée, tous les participants apprécient une pause bien méritée au restaurant « Chez Fanch » créé dans une ancienne voilerie. Le chef nous servira une de ses spécialités, le thon blanc Germon aux petits légumes, savouré par les convives.
APRES-MIDI AUX PLOMARC’H ET QUARTIER DES HALLES
Site des Plomarc’h
Un guide nous attend pour la découverte du site antique et de l’ancien village de pêcheurs.
La ville de Douarnenez célèbre pour ses activités de pêche à la sardine et de conserverie peut aussi s’enorgueillir de conserver les premiers établissements antiques qui donnèrent naissance à une activité spécifique. Il s’agit de la commercialisation de produits transformés tels que des sauces à base de poissons et épices broyés et macérés, appelés garum et allec. Ces condiments conditionnés principalement dans des amphores sont omniprésents dans la cuisine antique.
Ces établissements se situent à l’embouchure du Port-Rhu et sur la promenade publique des Plomarc’h. L’ensemble situé au village Plomarc’h-Pella comporte quatre bâtiments répartis dans le vallon de la crique du Gorret et sur les deux coteaux adjacents. La construction la plus importante édifiée au centre du vallon, présente des maçonneries dont l’élévation maximum atteint 8 m. Elle constitue actuellement le seul édifice antique de fabrication de salaisons connu en Gaule qui soit encore complet et bien conservé.
Le site a fait l’objet de fouilles en 1905-1906-1911 par la propriétaire des lieux et le Chanoine ABGRALL, puis de 1955 à 1957 par le Professeur L. FLEURIOT et de 1975 à 1977 par R. SANQUER de l’U.B.O.
A la suite de ces fouilles, le site avait été défini comme une usine de salaisons produisant du garum.
En 1993, la Commune a fait l’acquisition des parcelles abritant l’établissement le mieux conservé et a demandé au Service Régional de l’Archéologie de monter un programme d’étude et de mise en valeur du site. Une campagne de fouille aura lieu en 1994 et 1995 à laquelle succédera un chantier de consolidation et de mise en valeur pour la visite du public.
Au terme de la campagne de 1995, le site donne une vision globale de l’installation et de l’usine antique :
Une première construction fut établie au 1er siècle de notre ère. Elle fut détruite dans la première moitié du IIe siècle par l’édifice imposant que nous voyons aujourd’hui. Le versant sud-est du vallon a été excavé sur une longueur de 36 m et une profondeur de 18,60 m de façon à obtenir 2 énormes fosses et une tranchée de 3,6 m et 4,50 m de profondeur. Dans ces énormes excavations sont bâties les maçonneries de 2 batteries et de 6 cuves encadrées et séparées par 3 autres cuves. Les 10 cuves sud sont recouvertes d’un enduit de mortier de tuileau sur deux couches. Les 10 cuves méridionales sont toutes enduites et étaient probablement affectées à la production du garum et au salage du poisson. 5 cuves non enduites, beaucoup plus profondes, étaient vraisemblablement affectées au conditionnement du produit et au stockage.
Un mur d’un seul tenant forme l’enveloppe de l’usine. Le grand mur du fond est agrémenté de 3 niches où alternent moellons et briques. Les travaux de restauration ont montré qu’elles avaient été pillées fin XVIIIe, ou début XIXe. En 1907, une statue d’Hercule en marbre a été découverte sous la niche orientale. La fouille de 1994 a livré la base d’une statue de calcaire de la même taille et qui peut faire penser à la statue de Neptune. Comme toute activité antique, l’usine des Plomarc’h était placée sous la protection des dieux.
L’ensemble de l’établissement était à l’origine couvert d’une gigantesque toiture de 706 m². Le toit à pente unique reposait sur le mur arrière de l’usine et sur le mur de façade et il a nécessité une charpente puissante.
Les études menées sur les quatre bâtiments du site de Plomarc’h-Pella permettent d’entrevoir leur articulation. L’édifice central abritait des activités diverses (conditionnement, stockage, expédition), les deux constructions latérales ne comportant que des cuves enduites étaient dévolues à la production du garum et poissons salés, le quatrième édifice avec chaufferie devait être affecté à la préparation du poisson débarqué des bateaux.
Le complexe des Plomarc’h constitue un témoignage remarquable sur l’activité du traitement du poisson dans l’Antiquité mais il reste encore des questions non élucidées notamment sur la provenance du sel qui était nécessaire en grande quantité à cette activité.
Hameau des Plomarc’h
Pour revenir en ville, nous empruntons le sentier côtier des Plomarc’h qui débouche sur la plage du Ris. Nous découvrons l’ancien village de pêcheurs, site naturel remis en valeur par la Commune avec sa ferme municipale et ses animaux, ses gîtes d’étape, ses jardins pittoresques. Nous passons près d’un vieux lavoir et nous apercevons la mer à travers des trouées de verdure.
Avant de nous rendre aux Halles, nous admirons les extérieurs de la Chapelle Sainte-Hélène « sanctuaire des pêcheurs », bâtie au XVe siècle remaniée au XVIIe et XVIIIe, de style gothique flamboyant et nous passons dans les ruelles pittoresques avec ses maisons anciennes proches du vieux port.
Les toiles classées de la salle des fêtes des HALLES
En 1932, le Maire, Daniel LE FLANCHEC, décide de la surélévation des Halles pour héberger une salle des fêtes. En 1935, il a l’idée de faire réaliser par des peintres de la région un « décor de paysage » sur les vastes murs de cette grande salle. En septembre 1937, l’artiste peintre Robert-Paulo VILLARD propose de décorer la salle. DOUARNENEZ bénéficie depuis d’une formidable évocation des sites et paysages en 16 tableaux de belle facture, huiles sur toile classées Monuments Historiques en 1997.
Lionel FLOC’H (1895-1972) – Jim SEVELLEC (1897-1971) – Robert-Paulo VILLARD (1903-1975) Gaston POTTIER (1885-1980) – Abel VILLARD (1871-1969) et Maurice LE SCOUËZEC (1881-1940) sont les 6 artistes renommés qui joignent leurs palettes pour cette remarquable mise en lumière, une ode à DOUARNENEZ.
Dans cette initiative, Daniel LE FLANCHEC, lègue à sa postérité une œuvre exceptionnelle, d’intérêt pictural évident et d’intérêt historique indéniable.
RETOUR VERS LE TREGOR :
Nous ne pouvons pas quitter DOUARNENEZ sans avoir dégusté sa grande spécialité « le KOUIGN AMANN » inventé en 1860 par un boulanger de Douarnenez Yves-Marie SCORDIA.
« C’est par un jour de forte affluence que n’ayant plus de gâteau à vendre, Mme SCORDIA demanda à son mari de faire face à cette situation. Alors, Yves-Marie mélange de la pâte à pain avec du beurre salée et du sucre. Il réalise alors un délicieux gâteau gorgé de beurre, de sucre et caramélisé à souhait. C’est ainsi que nait à Douarnenez le KOUIGN AMANN qui va par la suite être copié par tous les autres boulangers de la ville et des environs… »
Ce goûter surprise est apprécié de tous…
Pour agrémenter notre voyage dans le car, Danièle CARON nous lit un texte relatant les présumées péripéties du sieur Gui EDER de LA FONTENELLE lors de ses activités en Cornouaille, entre autre au Grannec, à l’Ile Tristan, à Penmarc’h… jusqu’à sa décapitation en 1602 en Place de Grève à PARIS.
Ce passage est tiré du livre écrit par Maxime du Camp et Gustave Flaubert, « Par les Champs et par les Grèves« , au retour de leur voyage de trois mois en Bretagne en 1847.
Le récit que donne Maxime du Camp sur La Fontenelle, suit de très près celui écrit par le Chevalier Paul de Fréminville, (1787-1848), rude marin et sérieux savant à tour de rôle, et qui, lui aussi, avait précédemment parcouru la Bretagne.
Cette évocation donne lieu à des commentaires de la part de Mark KOËDLEZVAREG et principalement de François SALLOU spécialiste de l’étude de la vie de la Fontenelle en Trégor, appuyé par des sources. Débat très intéressant qui sera sans doute poursuivi par les membres de l’ARSSAT !
Le car s’arrête quelques minutes au bourg de BRASPARTZ pour nous laisser admirer la statue du loup en sa grotte. Cette fontaine purement décorative symbolise la présence du loup dans les temps anciens au sein des Monts d’Arrée.
Après avoir remercié notre chauffeur, nous retrouvons notre charmante ville de LANNION à l’heure prévue.
Liliane LE GAC & Mark GAULTIER KOËDLEZVAREG
Sources diverses dont
– « DOUARNENEZ » aux éditions Ouest-France
– Catalogue-guide du Port-Musée
– Bulletin 2008 Société Archéologique du Finistère – compte-rendu visite à Douarnenez
– livres de Jean-Michel LE BOULANGER « Flanchec » et « Michel Le Nobletz » – Edition Mémoire de la Ville
– « Laennec 1781-1826» Revue du Palais de la Découverte 08/1981
– Rapport de Jean-Pierre BARDEL « AREMORICA Etudes sur l’ouest de la Gaule romaine » U.B.O.