Godu. G. Cadastre et toponymie.
In: Annales de Bretagne. Tome 73, numéro 4, 1966. pp. 587-597.
CADASTRES ET TOPONYMIE
Dès le début du présent siècle, J. Loth avait attiré l’attention sur les renseignements que l’étude des cadastres pouvait fournir à diverses disciplines historiques, surtout à la toponymie (1). Au milieu du siècle, l’Institut national de la statistique et des études économiques, direction régionale de Rennes, publia la Nomenclature des hameaux, écarts, lieux-dits de l’Ille-et-Vilaine (1952), des Côtes-du-Nord (1953), du Finistère (1953), du Morbihan (1954). Ces listes de noms de lieux ont été établies « en prenant pour base les données du dernier recensement quinquennal de la population effectué le 10 mars 1946. Le relevé des écarts a été fait au moyen des bordereaux de maison. » (Avertissement, p. II).
En 1952, M. le Professeur F. Falc’hun, titulaire de la chaire de langues celtiques à l’Université de Rennes, conçut un projet beaucoup plus ample que l’on pourrait décrire comme une enquête de micro-toponymie dans les 5 départements de la Bretagne historique. L’idée centrale du projet était de mettre sur fiches et de classer par ordre alphabétique tous les noms de parcelles énumérés dans les registres du cadastre appelés États des sections, ou Tableaux Indicatifs. Il s’agit alors de centaines de milliers de toponymes. Les professeurs J. Vendryes et A. Dauzat approuvèrent ce projet et le CNRS voulut bien accorder une subvention.
Comme point de départ la région de Saint-Brieuc fut choisie parce qu’elle offre le passage de la zone de langue française à 1a zone de langue bretonne, la ligne de partage étant approximativement le cours du Trieux.
Grâce à l’obligeance des directeurs du service du cadastre des Côtes-du-Nord, il fut convenu que les registres États des Sections les plus anciens seraient prêtés en communication aux Archives départementales, et là le travail de mise sur fiches a pu être exécuté depuis 1952 dans les conditions les plus favorables grâce à l’obligeance de l’archiviste d’alors M.F. Merlet et de son successeur actuel M.R. de Saint-Jouan.
Un problème de méthode se posait en ouvrant le premier registre : fallait-il relever tous les noms de parcelle sans exception, ou bien faire un choix, c’est-à·dire éliminer les plus communs (champ, pré, jardin, courtil etc. dans la zone francisée, prat, parc, liors, loguel, tachen etc. dans la zone bretonne) et ne retenir que les noms présentant un intérêt pour le linguiste ? Mais un choix est toujours arbitraire et il est impossible de savoir si tel ou tel mot jugé par moi insignifiant ne sera pas utile un jour ou l’autre à tel ou tel chercheur.
M. l’archiviste F. Merlet émit l’avis qu’un travail de cette envergure devait être exécuté d’emblée de façon définitive, de telle sorte qu’il n’eut pas à être repris dans l’avenir, et de façon complète, de telle sorte qu’il pût être utilisé par différentes disciplines : linguistique, dialectologie, géographie linguistique, toponymie, histoire de l’agriculture, hagiographie.
Il fut donc décidé d’enregistrer tous les noms de parcelle sans exception avec toutes leurs références. Toutefois pour les mots les plus usuels (pré, champ, jardin, prat, liors, loguel etc.) on se bornera à 4 ou 5 références, puis un etc. indiquera que le relevé n’est pas complet. Si un érudit désire connaître la densité de l’un de ces mots dans tel ou tel cadastre, il lui sera facile de compléter la fiche à partir du point où elle est arrêtée. Pour tous les autres toponymes, l’enregistrement des références est complet.
Les fiches, de format standard 12,5 x 7, 5 cm, se présentent ainsi : en haut à droite, le nom de la commune ; en haut à gauche, le toponyme, en lettres capitales, tel qu’il est libellé et orthographié sur le registre cadastral. Seul l’article, français ou breton, est rejeté entre parenthèses après le toponyme, selon la règle adoptée dans les dictionnaires topographiques départementaux.
Au-dessous, les références : lettre de la section A, B, C, D…, numéro de la parcelle et nature de la propriété (terre labourée. champ, prairie, pâture, lande, maison, bâtiment…). Les variantes orthographiques sont signalées en fin de ligne à l’endroit où elles se présentent et doivent être lues comme sont lues les variantes dans un apparat de critique textuelle.
Depuis le début de l’enquête, octobre 1952. jusqu’à la fin de 1965. les cadastres de 120 communes ont été mis sur fiches, couvrant une superficie de 190 000 hectares. Le nombre de parcelles recensées s’élève à 500 000.
Voici la liste alphabétique de ces 120 communes, toutes situées dans le Goelo et le Trégor. La seconde colonne indique la date de rédaction du cadastre de chaque commune ; ces dates s’échelonnent entre 1816 et 1850.
On peut admettre sans témérité que les plus anciens cadastres conservent l’image de la toponymie rurale vivante à la fin de l’ancien régime. I.a troisième colonne donne la somme totale des parcelles recensées dans les sections A, B ,C ,D… du registre.
COMMUNES |
DATE DU CADASTRE |
NOMBRE DE PARCELLES |
Begard Belle-Isle Binic Boqueho Brehat Bringolo Cavan Chatelaudren Coadout Cohiniac Etables Gommenech Goudelin Grâce Guingamp Gurunhuel Kerbors Kerfot Kerity Kermoroch La Meaugon Langueux Lanlelï Lanloup Lanmodez Lannebert Lanrodec Lantic Lanvellec Lanvollon Le Faouet Le Foeil Le Leslay Le Merzer Le Vieux Bourg Lezardrieux Loc Envel Louannec Louargat Mousteru Pabu Paimpol Pedernec Penvenan Perros-Guirec Plaine-Haute Plédran Pleguien Plehedel Plelo Plerin Plerneuf Plestin Pleubian Pleumeur-Bodou Pleumeur-Gautier Plouagat Plouaret Ploubazlanec Plouezec Ploufragan Plougrescant Plouha Plouisy Ploulech Ploumagoar Ploumilliau Plounevez-Moedec Plounez Plourhan Plourivo Plouvara Plouzelambre Pludual Plufur Pluzunet Pommerit-le-Vicomte Pontrieux Pordic Quemper-Guezennec Quintin Saint- Agathon Saint-Brieuc Saint-Glet Saint-Donan Saint-Fiacre Saint-Gildas Saint-Gilles-les-Bois Saint-Jean-Kerdaniel Saint-Laurent Saint-Michel-en-Grève Saint-Pever Saint-Quay-Perros Saint-Quay-Portrieux Senven-Lehart Servel Tonquedec Trébeurden Trédarzec Trédrez Tréduder Trégastel Tréglamus Trégomeur Trégonneau Trégrom Tréguidel Trélevern Trémel Trémeloir Trémeven Trémuson Tressignaux Tréveneuc Tréverec Trévou-Tréguignec Vieux-Marché Yfflniac Yvias |
1850 1839 1824 1838 1832 1829 1836 1837 1825 1838 1824 1839 1829 1825 1824 1841 1829 1832 1832 1850 1848 1848 1833 1833 1829 1839 1829 1824 1849 1840 1839 1831 1831 1839 1831 1829 1839 1824 1842 1825 1825 1832 1850 1835 1824 1831 1848 1839 1833 1837 1848 1838 1849 1829 1824 1829 1828 1835 1832 1832 1847 1835 1833 1825 1828 1825 1849 1835 1832 1824 1832 1838 1849 1833 1849 1835 1838 1833 1848 1832 1817 1825 1816 1833 1848 1828 1831 1833 1829 1850 1849 1829 1824 1824 1840 1828 1835 1824 1829 1850 1849 1824 1841 1838 1850 1835 1839 1824 1849 1838 1841 1848 1839 1824 1839 1824 1835 1848 1832 |
10402 2918 3037 6078 6098 1955 4483 582 1706 2882 5243 3035 5299 2860 2385 4794 1974 1710 3412 1638 2279 3555 728 677 1061 1979 5031 3336 5891 1405 2295 4343 849 2943 4456 3477 1096 3701 14228 2823 1994 670 7481 5992 5062 5183 9342 4253 3468 11240 9943 2340 11240 6868 7570 4909 6753 8000 5400 9712 5336 4590 11312 5418 2545 5868 8857 10126 3562 4545 6315 5356 2372 2766 5041 6004 7029 588 8931 5857 1570 2643 5515 3171 6505 1394 2520 2337 2050 2215 1213 1805 1230 2741 3245 4238 4957 5000 2996 3025 1416 3123 4389 3098 1723 4676 2110 2312 2987 1365 1527 1952 2239 2103 1300 2099 7168 4050 3314 |
(1) J. LOTH. Recherches dialectales bretonnes dans Annales de ·Bretagne. Y.~V. 1898-1899, p. 284.291. 411-414 : XV, 1899-1900. p 301315. 391-403 :XVI, 1900-1901. p.188-142.
Quelques mots sur Dom Godu, par le Professeur Falc'hun
[Archives diocésaines de Quimper et Léon]
« Il s’est contenté d’extraire de la carrière les matériaux avec lesquels d’autres bâtiront. »
Dom Godu s’est éteint dans sa 88e année, le 31 décembre 1975, à l’abbaye Bénédictine Sainte-Marie, 3, rue de la Source, Paris 16e. Il venait de s’habiller pour descendre à l’office de matines lorsqu’il fut terrassé par une crise cardiaque, un peu avant six heures du matin. La veille encore, il travaillait à la mise en fiches des noms de champs de Canihuel (Côtes-du-Nord). Les vingt quatre dernières années de sa vie furent en effet consacrées au dépouillement du cadastre de la partie bretonnante des Côtes-du-Nord. Il en reste un fichier d’environ 170.000 fiches, groupées par communes, qui constitue aujourd’hui un précieux instrument de travail pour les chercheurs du Centre de Recherche Bretonne et Celtique de la Faculté des Lettres de Brest, auquel il a été légué.
En 1951, au lendemain de mes thèses de doctorat de linguistique bretonne, Dom Godu m’avait offert ses services pour un travail scientifique à sa portée, intéressant la Bretagne. Instruit par une étude sur le cadastre de ma commune natale, publiée par la REVUE INTERNATIONALE d’ONOMASTIQUE (sept.déc. 1948, p. 161-73), je lui avais signalé l’intérêt de la mine de renseignements linguistiques et historiques inclus dans les noms de parcelles des cadastres. Il se mit au travail avec une ardeur qui ne s’est pas démentie pendant un quart de siècle. Bénéficiant à Saint-Brieuc de l’hospitalité de Madame de Saint-Pierre, il passait ses journées aux archives départementales. Après la mort de cette bienfaitrice, il continua les dépouillements à l’abbaye Sainte-Marie de Paris, où M. de Saint-Jouan, archiviste des Côtes-du-Nord, lui adressait les instruments de travail nécessaires.
Le Centre National de la Recherche Scientifique lui avait accordé une subvention qui varia de 100.000 à 150.000 anciens francs suivant les années. Subvention plutôt symbolique en égard à l’importance de l’oeuvre accomplie. Dans les ANNALES DE BRETAGNE de décembre 1966 (p. 587-97), sous le titre CADASTRE ET TOPONYMIE, Dom Godu a publié un court bilan de l’avancement de son travail à cette date, En 1973, le Ministre de l’Education Nationale le décora des Palmes Académiques. Il fut sensible à cette distinction, et plus encore à la petite fête organisée en son honneur par le Centre de Recherche Bretonne et Celtique de Brest. Malgré ses 86 ans, il avait fait le voyage, et j’eus la joie de le recevoir chez moi pendant quatre jours. Ce fut l’occasion de quelques confidences qui me firent mieux comprendre le secret de cette vie de Bénédictin breton vouée au travail intellectuel. La notice biographique qu’on va lire doit beaucoup aussi à des précisions fournies par Dom Chaussy, de Lennon, son confrère à l’abbaye Sainte-Marie, qui l’a bien connu pendant ses dernières années.
Gaston Godu naquit le 2 mai 1888, dans le foyer d’un notaire nantais.
Il fit ses études secondaires à l’externat des Enfants Nantais, alors dirigé par l’abbé Gouraud, qui devient évêque de Vannes en 1906. La même année, le jeune Godu passait son baccalauréat. Quelques mois plus tard, attiré par quelque compatriote, ou le renom de la maison, nous le trouvons comme novice à l’abbaye bénédictine de Farnborough, à 53 kms au sud-ouest de Londres.
C’était l’époque où les congrégations religieuses, persécutées en France cherchaient refuge au-delà des frontières. A Farnborough l’impératrice Eugénie avait fait batir une église pour recevoir la dépouille mortelle de Napoléon III, puis du prince 1mpérial, en attendant la sienne. La desserte en fut confiée d’abord aux Prémontrés, puis aux Bénédictins de Solesmes. C’est ainsi que Dom Cabrol (1855-1937), prieur de Saint-Pierre de Solesmes devint abbé de Farnborough. Il y mit en chantier un monumental DICTIONNAIRE D’ ARCHÉOLOGIE CHRETIENNE ET DE LITURGIE qui ne tarda pas à devenir l’entreprise personnelle de Dom Leclercq (1859-1945).
Dom Godu reçut donc une formation qui le préparait à entrer dans cette équipe de liturgistes. Il prit l’habit le 3 mars 1907, et fit profession le 21 mars 1908. En 1909-1911, service militaire à Toul. Puis trois années d’études (1911- 1914) à l’Université de Louvain, au Centre des Sciences auxiliaires de l’Histoire. Il poursuivait en même temps sa formation théologique, recevait le sous-diaconat le 28 décembre 1913, puis le diaconat le 13 avril1914.
La mobilisation l’appella au 265e R. 1. à Vannes. C’est là que dans sa chapelle privée, le 8 novembre 1914, devant quelques parents et amis, Mgr Gouraud, son ancien supérieur des Enfants Nantais, l’ordonna prêtre avant le départ pour le front. Il fit toute la guerre, dont 30 mois de tranchée. De 1920 à 1925, rentré à Farnborough, il collabore sous la direction de Dom Leclercq, au DICTIONNAIRE D’ARCHÉOLOGIE, CHRÉTIENNE ET DE LITURGIE, auquel il fournit les longs articles EPITRES et EVANGILES. Mais la guerre avait ébranlé la communauté de Farnborough, par la mort ou le départ de plusieurs moines. Le recrutement s’avérait difficile, la plupart des ordres religieux exilés pouvant désormais se réinstaller en France. A Farnborough aussi le retour était envisagé : depuis 1917, on entretenait un moine au Mont-Saint-Michel, avec l’espoir que la communauté pourrait s’y transporter un jour.
Avant d’être nommé à ce poste, Dom Godu, de 1925 à 1937 fut affecté à Rome, à la commission chargée de réviser le texte latin de la Vulgate, sous la direction du Cardinal Gasquet, et inscrivit plusieurs publications à son nom. Puis, en 1937, il devint « curé du Mont~Saint-Michel, en prévision de la reprise d’une certaine vie monastique au Mont », précise un CURRICULUM VITAE écrit de sa main. Mais le projet dut être abandonné, et en 1940 l’évéchê de Coutances supprima provisoirement un poste qui dépendait de lui. Dom Godu fut recueilli par la communauté de l’abbaye de la rue de la Source à Paris, alors amoindrie du fait de la guerre. Puis il accepta une aumônerie à Pornichet, jusqu’en 1951.
L’abbaye de Farnborough ayant été supprimée en 1947, Dom Godu demanda son rattachement officiel à l’abbaye Sainte-Marie de Paris, où il passa encore quelques mois en 1951-1952. C’est alors qu’il m’offrit ses services pour les études bretonnes, et qu’il s’attela, pour le quart de siècle qui lui restait à vivre, à l’immense et précieux fichier dont nous avons parlé.
De quand date, chez Dom Godu, ce patriotisme breton qui a manifestement animé les quarante dernières années de sa vie ? Eut-il son origine dans ses relations avec l’abbé Perrot, fondateur du Bleun Brug ? Il faut se rappeler aussi qu’il fut, à Farnborough, le confrère de Dom Gougaud, le célèbre auteur des CHRÉTIENTÉS CELTIQUES.
A l’occasion du Bleun Brug de Plougastel en 1937, l’abbé Perrot voulut fêter le millénaire de la reconquête de la Bretagne sur les Normands par Alain Barbetorte (937), à l’appel de l’abbé Jean de Landévennec, réfugié à Montreuil avec ses moines. Comme représentant de la grande famille des Bénédictins Dom Godu fut invité à célébrer une messe solennelle dans les ruines de la vieille abbaye de Landévénnec, détruite une première fois par les Normands. L’abbé Perrot y lança l’idée d’une reprise de la vie monastique à Landévénnec par les Bénédictins.
Quelques congressistes invitèrent Dom Godu à leur servir de guide pour une visite plus détaillée des ruines, ainsi qu’il me l’a lui-même raconté fin juin 1973. Ils y trouvèrent une boîte en fer blanc portant cette inscription peut-être due à un plaisantin : « ossements présumés du roi Grallon », « C’est une honte ! » dit l’un. -Et vous, les Bénédictins, dit l’autre vous ne pourriez pas relever Landévénnec ? » ‘
Dom Godu alla trouver le propriétaire du domaine, M. de Chalus, dont la femme était une descendante directe de ceux qui l’avaient acheté comme bien national à la révolution. Accueil excellent. Un projet de lotissement était à l’étude : il fut aussitôt abandonné. Yeun ar Gov, notaire à Gouézec, fut mis au courant. Deux abbayes furent pressenties pour l’achat, mais sans succès immédiat. Puis vint la tempête de la deuxième guerre mondiale.
Cependant, l’idée avait fait son chemin. Lancée dans le public breton par Dom Colliot, abbé de Kerbénéat, soutenu par tous les évêques de Bretagne, à l’occasion du Bleun Brug de Saint-Pol en 1951, elle finit par aboutir à la belle· restauration que l’on sait. Le principal mérite en revient à Dom Colliot, qui en a porté la lourde charge. Mais, sans la suggestion de l’abbé Perrot en 1937, et les démarches de Dom Godu, le domaine aurait été morcelé, et la renaissance de Landévénnec, titre de fierté pour la Bretagne, n’aurait sans doute pas pu être même envisagée.
Dom Godu avait rêvé de finir ses jours à Landévénnec. Il a eu la joie d’y être invité pour quelques séjours, et d’initier quelques moines à la poursuite de ce travail sur le cadastre qu’il avait pris tant à coeur. J’ai regretté qu’il n’ait pas entrepris lui-même l’exploitation scientifique de ce fichier, à laquelle des obligations professionnelles plus urgentes m’empêchèrent de me livrer. Très modeste, il ne s’estimait pas assez compétent en linguistique bretonne. Il s’est contenté d’extraire de la carrière les matériaux avec lesquels d’autres bâtiront. Peut-être ne faisait-il que transposer dans son nouveau travail une idée chère à son vieux Maître Dom Leclercq, qui professait qu’un « dictionnaire n’est pas une revue où l’on expose des idées nouvelles, mais un recueil où l’on enregistre l’état de la science à la date de sa publication ».
Il a cependant ouvert une voie où devront s’engager les chercheurs désireux de mieux éclairer le passé de la Bretagne. La toponymie est avec l’archéologie, la discipline la plus apte à pallier ·aux insuffisances de la documentation historique.
F. FALC’HUN
professeur de Celtique
Université de Brest