Archives de l’auteur : Servel
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Mgr Grangier de Liverdis
Mgr Balthazar Grangier de Liverdis – ca1605-2 02 1679
Evêque et comte de Tréguier 1646 – 1679
Dr en Théologie de La Maison de Sorbonne.
Ancien aumônier du roi Louis XIII et commendataire de l’abbaye St Barthélémy de Noyon, de l’Ordre des Chanoines Réguliers de St Augustin
-1645 : nommé Evêque de Tréguier en remplacement de Noël des Landes Dom.
- Sacré le 18 11 1646 en l’église de l’abbaye de St Victor, de la Congrégation de France.
- Ami de St Vincent de Paul qui vint à Tréguier à sa demande pour y implanter un séminaire de Lazaristes qui fut ouvert en 1654.
– 19 06 1652 il baptisa en l’église de Servel son filleul Balthazar-François de Tregoff, sgr de Kerelleau, né le 11 03 1652 de Guillaume et Marie de Quellen.
- Il favorisa l’implantation de plusieurs ordres religieux à Tréguier, Morlaix, Guingamp et Lannion : Sœurs Hospitalières, Ursulines, La Charité du Refuge, Filles de La Croix.
-Il entretint des rapports étroits avec les missionnaires des lazaristes de St Méen, et des jésuites comme les pères Huby, Martin, et Maunoir, et visita régulièrement les paroisses de son diocèse, poursuivant la réforme de son Clergé.
-Il parvint à rétablir l’ordre au sein de son Chapitre et mis à part un voyage de 9 mois jusqu’à Rome en 1660-61*, il fut très présent dans son diocèse jusqu’à son décès.
-Il semble avoir manifesté une sollicitude bienveillante à l’égard de son Recteur de Servel Maurice Le Gall de Kerdu, qu’il envoya présenter sa Méthode d’Oraison à Rome, et le nomma Chanoine de Tréguier en 1676.
* Journal d’un voyage de France et d’Italie, fait par un gentilhomme françois, commencé le 14 septembre 1660 et achevé le 31ème de may 1661. M Vangon Paris 1667
texte préparé par François Bedel
église Servel mise au tombeau
Mise au Tombeau de Servel
Mise au Tombeau, bois polychrome, 18ème Inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques le 14 mai 2002.
C’est la représentation de la mort du Christ et son ensevelissement après sa crucifixion.
La ville de Lannion est riche de deux Mises au Tombeau : celle de la crypte de Brélévenez, du début XVIIIème, et celle de Servel, qui date probablement de l’époque de Maurice Le Gall de Kerdu, recteur de cette paroisse pendant une trentaine d’années jusqu’à sa mort en 1694 ou du recteur Philippe Henry qui lui succèda.
Cette Mise au Tombeau se trouve dans la chapelle nord de l’église paroissiale, dite chapelle des Cinq Plaies dans un coffre sous l’autel.
Elle est en bois polychrome et les cinq personnages qui entourent le Christ sont représentés en buste : la Vierge et St Jean, Marie-Madeleine, Nicodème, Joseph d’Arimathie.
Le groupe de la Vierge et St Jean est sculpté dans le même bloc de bois. La Vierge, mère de Jésus, porte un voile sur la tête, et St Jean est le seul disciple à être resté auprès de Jésus pendant sa crucifixion.
Marie-Madeleine, la seule femme à avoir partagé des épisodes de la vie de Jésus, est représentée les cheveux libres sur le dos, s’essuyant les yeux avec un linge.
Nicodème, à la tête du Christ, est l’un de ses premiers disciples. Il l’aurait décloué de la croix et c’est pourquoi il est représenté des clous à la main et portant la couronne d’épines au poignet.
Joseph d’Arimathie est celui qui réclama à Pilate le corps du Christ afin de l’embaumer et l’ensevelir. Ici il tient le linceul aux pieds du Christ.
Dimensions de la composition
Le groupe du Christ avec Nicodème et Joseph d’Arimathie est taillé dans le même bloc de bois et mesure 214 cm
Christ : L 134cm l 45 cm H 18 cm
St Nicodème : L 50 cm P 42 cm H 58 cm
Joseph d’Arimathie : L 50 cm P 50 cm H 52 cm
Vierge : L 42 cm P 25 cm H 50 cm
St Jean : L 43 cm P 25 cm H 54 cm
Marie-Madeleine : L 39 cm P 24 cm H 56 cm
Coffre : L 215 cm P 85 cm H 56 cm
historique restaurations
Quelques réfections sont intervenues sur les statues et oratoires.
Le cahier de paroisse de Servel mentionne des travaux en 1892.
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Les anciens nous ont relaté des travaux qui auraient eu lieu juste après la première guerre mondiale (1920 ?) .
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La presse locale ainsi qu’un ancien élève de l’Institution Saint Joseph nous ont dit qu’un « nettoyage » avait eu lieu en 1964 sous l’autorité de l’abbé Bourdellès.
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Des travaux conduits par la Mairie de Lannion, ont également eu lieu dans les années 1982/ 83.
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Cependant, aujourd’hui, l’état des statues nécessite encore une restauration urgente.
Le pays de Lannion au 17ème siècle
Le pays de Lannion au 17ème siècle.
Au 17e siècle, suite aux hivers très rigoureux de 1608-1609 et 1659-1660, aux printemps et étés froids et humides de 1626, 1630,1644, 1658, 1661, aux épidémies de peste de 1632 et 1635, aux ravages effectués par les mouvements de troupe liés aux combats de la Ligue, au laisser aller des prêtres, le moral des populations du Pays de Lannion est au plus bas. On ne sait plus à quel saint se vouer. Pas de famines relatées, mais un mauvais état sanitaire s’est établi à cause des malnutritions répétées.
De plus une institution charitable serait la bienvenue pour remplacer le petit hospice insalubre des Augustins du Porchou, établi rive gauche du Léguer.
Pierre de Coat Trédrez, seigneur local, songe à la mettre en place dès le 8 octobre 1622. Il confie ce vœu aux Capucins, moines franciscains, qui s’installent en 1633 à Crec’h Plac’h, près du Forlac’h. L’épidémie de peste de 1635 leur donnera l’occasion de manifester pleinement leur grande charité.
En 1651, le procureur du roi à Lannion : Maurice Calloët de Keranvelec souhaite à son tour que des religieuses s’implantent. Ce seront les Ursulines dont le couvent ne sera achevé que vers 1690, grâce notamment aux dons de l’abbé Jean-Baptiste Hingant de Kérisac.
Mais, entre temps des Augustines vont créer un Hôtel-Dieu, l’Hôpital Sainte-Anne, qui ouvrira en 1673 sur les terres de Loguivy gagnées sur le « palud », marais situé au bas du faubourg de Kerampont, rive gauche. L’abbé Corentin de Pilvern, disciple du Père Maunoir, sera l’insigne bienfaiteur de cette maison avec les abbés de Trémaria et de Kérisac.
Mais en même temps, la rechristianisation des populations s’est mise en marche.
Après le Concile de Trente (1545-1563), l’église catholique a pour projet de reprendre en main les croyances quelques peu déviantes du peuple chrétien. Les Jésuites créés en 1534 par Ignace de Loyola vont s’y atteler. Julien Maunoir né dans la région rennaise en 1606 entre dans la Compagnie de Jésus. Après avoir appris le breton, il est chargé de poursuivre l’oeuvre entreprise en Bretagne par le Père Michel de Nobletz (1577-1652). Ce dernier a mis au point une méthode choc pour la sensibilisation des populations : la mission.
Des prêtres séculiers sont formés, afin de délivrer la bonne parole aux ouailles qu’ils vont rencontrer dans une paroisse, pendant quatre semaines. Non seulement les habitants de l’endroit, mais aussi ceux des paroisses voisines sont convoqués à l’enseignement par leurs recteurs.
Mais laissons parler les textes.
« A pied, le bâton à la main, un sac léger sur le dos, le bréviaire sous le bras, la vingtaine de missionnaires contactés convergent vers la commune choisie par l’Evêque et le Père Maunoir. Ce même jour, de tous les points de l’horizon, de tous les chemins, de tous les sentiers arrivent des groupes serrés, en foules immenses, parfois en procession, sous la conduite de leurs recteurs, pauvres et riches, oublieux des ardeurs du soleil ou des rigueurs du froid. Tous pressent le pas dans l’espoir d’assister à quelque prodige ».
La mission proprement dite va commencer après les vêpres du dimanche, par une procession solennelle du Saint Sacrement et la lecture des indulgences liées aux exercices de piété et de charité.
Le lendemain, 4 h du matin, les cloches sonnent. Le dernier levé parmi les missionnaires attrape un gage, entendez une pénitence supplémentaire.
Après une prière à l’église, méditation de tous les fidèles, cantiques et explications du catéchisme par les prédicateurs. Déjà les premières confessions ont lieu.
C’est alors la première conférence du Père Maunoir. Il sonde par des questions-réponses le peuple, l’interroge sur ses doutes et ses difficultés, enquête sur les superstitions et les désordres connus dans les paroisses.
Dans un premier sermon, il s’inspire de ce qu’il vient d’entendre. Véhément devant la gravité des fautes, il fait peur, ce qui provoque une seconde fournée de pénitents près des confessionnaux.
S’il reste des missionnaires inactifs, ceux-ci enseignent quelques cantiques et font quelques courtes instructions religieuses, au besoin dans le cimetière.
A 10 h, second sermon où l’accent est mis sur des exhortations terribles, parlant des péchés et des rechutes, « aux misérables vers de terre qui devraient trembler devant leur culpabilité, sinon ce sera l’enfer ».
Ensuite communion et action de grâce. L’accent est mis sur l’adoration, l’humilité et la reconnaissance.
12 h, Angélus (salutation à Marie) et Te Deum avant le repas.
Ce dernier est très frugal, les paroissiens extérieurs n’amenant avec eux que le strict nécessaire pour subsister.
14 h, la séance reprend. Catéchisme du peuple, explications des tableaux : les « taolennou », véritable bande dessinée de l’époque.
16 h, sermon sur la Mort, l’Enfer, le Jugement, l’horreur des sacrilèges, le rappel des désordres les plus connus, l’obligation de faire pénitence, mais aussi, le Paradis, les Sacrements, la route assurée du Salut, comment éviter les tentations.
Enfin, salut du Saint Sacrement et prière du soir.
Voilà la journée-type. Au fur et à mesure que les jours passent, les enseignés deviennent des pénitents et l’on diminue tout le reste pour ne plus se consacrer qu’aux confessions, véritables leçons particulières.
Les jours suivants, si le carillonneur de l’aube s’est rendormi, c’est le Père Maunoir lui même qui se charge de sonner les cloches au petit matin.
Il faut également signaler deux conférences spécialisées par semaine, pour la formation des recteurs des environs qui devront assurer le suivi de la mission.
Et enfin, pour clore en apothéose ces quatre semaines de prières et de catéchisme, de pénitences et de sermons, une grande procession est organisée jusqu’à une croix, un calvaire, un oratoire ou un ossuaire.
Ces missions ont un grand succès.
« L’an 1642, lorsqu’on fit une première mission aux paroisses de l’évêché de Dol qui sont enclavées dans les évêchés de Tréguier et de Saint-Brieuc, les pères et mères fermaient les portes de leurs maisons, pour empêcher les enfants d’entendre le catéchisme. Les pauvres innocents avaient été tellement charmés par ce chant divin, dès l’entrée de la mission, qu’ils sortaient par les fenêtres de leurs maisons pour courir à l’église. »
L’attrait des belles images montrées par le prédicateur y était-il pour quelque chose ? Irruption de l’audio-visuel au plus profond de nos campagnes !
Les tableaux de mission ou peintures énigmatiques : les « taolennou ».
Pour piquer la curiosité et parler directement au coeur, le Père Maunoir a repris, en les agrandissant et les multipliant, les tableaux de Michel Le Nobletz. S’y étalent la laideur du péché et l’Enfer promis aux libertins, mais aussi les joies du Paradis.
Il y en a pour les laboureurs, les soldats, les nobles, les pauvres. Pour les marins : une mer déchaînée, avec des écueils à éviter pour arriver à bon port, et un fanal pour éclairer la route à suivre. Pour chacun, c’est une scène de cette vie quotidienne qu’il connaît bien, où le Bien et le Mal se trouvent dépeints. Le symbolisme est évident, souligné par les missionnaires.
Différents tableaux sur les Sept péchés capitaux, la fin de l’homme, les trois classes, les vertus théologales, les huit Béatitudes, les tables de la Loi, les paraboles : enfant prodigue, bon samaritain, mauvais riche ; les tourments de l’enfer sont abondamment présentés.
Bref, cela se joue en alternant le froid et le chaud ; pour abandonner ses mauvaises habitudes, l’accent est mis davantage sur le bâton (Enfer) que sur l’envie de la carotte (Paradis).
C’est donc sur ce schéma que, dans notre Trégor, se déroulent ces missions, entre 1642 à Perros-Guirec et 1679 à Quemperven et Plestin les Grèves.
Entre temps, la région de Louannec et le Yaudet en 1657, Lannion en 1671 et Pleumeur-Bodou en 1674, auront reçu la bonne parole.
Le Père Maunoir séjourne fréquemment au château de Kerduel en Pleumeur-Bodou. Il entraîne dans son sillage, l’abbé Le Gall de Kerdu, recteur de Servel, Marie Guyon sa fidèle assistante et l’abbé Jean Baptiste Hingant de Kérisac (1641-1679), châtelain de Kerduel, qui marié à Corentine de Saluden la perd de bonne heure. Se trouvant veuf et sans enfant, il se fait prêtre à l’exemple de son ami le Père Maunoir.
Ce dernier « Tad Mad », le « Bon Père » décède en 1683, à Plévin en Cornouailles.
Son œuvre sera poursuivie dans le diocèse de Saint-Brieuc par Jean Leuduger (1649-1722), natif de Plérin, prêtre en décembre 1673, puis docteur en théologie à la Sorbonne vers 1690.
Il anima une quarantaine de missions campagnardes, en pays gallo.
Bibliographie :
Histoire de Lannion. Impram 1974
Du côté de Perros. La TILV 1994.
Le Gall biographie
MAURICE LE GALL DE KERDU 1633 – 1694. Recteur de Servel
61 années pendant lesquelles se renforcèrent le pouvoir temporel sous la monarchie absolue de Louis XIV, et le pouvoir spirituel des papes qui firent appliquer progressivement et non sans résistances la Réforme Tridentine du clergé.
Les éléments connus de sa vie tiennent en quelques lignes recopiant depuis trois siècles les mêmes erreurs, inventions et inconsistances, et la ramenant à 3 évènements qui furent l’obtention d’un doctorat en théologie à Rome, la publication d’un petit ouvrage de piété, l’Oratoire du Coeur, et un morne rectorat de 30 ans dans la même paroisse jusqu’à son décès. Cette vie mérite pourtant d’être revisitée ne serait-ce que pour comprendre comment elle put donner naissance à sa Méthode d’Oraison, puis au Chemin de Croix de Servel .
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Sa vie pourrait être résumée en trois périodes :
I- De l’adolescence au sacerdoce : 1633-1658
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8 février 1633 : précédé de 8 frères et soeurs, il naquit à Morlaix, paroisse Saint Martin dans l’Evêché du Léon. Il fut orphelin de son père à 1 an, puis de sa mère à 14 ans. Rien d’autre n’est encore connu de son adolescence, mais des études en théologie semblent probables à l’Université de Paris. Sous-diacre en 1655, il orna son patronyme d’un ‘’de kerdu’’. Il fut ordonné prêtre vers 1658.
Kerdu=Kerzu=Querdu=Kerduff sont des variantes toponymiques.
Le sien provient de la région de Plougourvest.
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II- Années de spiritualité productive : 1658—1670.
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Dès sa prêtrise, on constate que l’abbé M. Le Gall est désormais sous l’autorité de l’Evêque de Tréguier Mgr Grangier, qui le nomma successivement Vicaire Perpétuel de St Jean du Baly à Lannion en mai 1661, puis en 1664 Recteur de Servel, aux portes de Lannion. Depuis son ou ses séjours à Paris, on trouvait M Le Gall dans le sillage constant de l’abbé Louis Bail, Chanoine Pénitencier de Paris et auteur de plusieurs ouvrages de théologie méditative, manuels de vie chrétienne et exercices du coeur.
II-1. Fin 1660, M Le Gall reçut en son nom propre et en tant qu’exposant l’imprimatur d’un ouvrage de 600 pages, l’auteur anonyme y étant qualifié de « pauvre villageois sans autre science ny estude… » :L’Ouverture du royaume de l’Agneau Occis dans nos coeurs… Titre de 21 lignes ! L’auteur découvert plus tard serait Jean Aumont, un paysan ou vigneron de Montmorency, mais les études qui en ont été faites dénoncent un véritable travail de théologien(s), très au courant des genres d’oraisons suivis et discutés à l’époque, comme l’étaient les abbés Le Gall, et ses approbateurs les abbés Bail et Grandin, docteurs en théologie. Le livre était inspiré du chapitre V de l’Apocalypse, et prônait le recueillement intérieur sur la Passion devant conduire l’âme à la perfection.
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II-2. En 1665, Mgr Grangier, L’abbé Bail et Vincent de Meur sj* donnèrent leur approbation à M Le Gall pour faire imprimer et diffuser sa Méthode très facile pour faire oraison, illustrée de gravures pédagogiques, en une feuille facile à utiliser, travail confié à Pierre de Bresche à Paris.
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II-3. En 1666, Mgr Grangier incita M Le Gall à partir à Rome pour y faire approuver sa Méthode dont une feuille parvint jusqu’au pape qui, mourant, en fit son viatique. Cet évènement valut à notre abbé de se voir accorder le bonnet de docteur en théologie par l’Université de la Sapience. Il fut alors invité à en faire le développement en un livre qui fut traduit en italien et édité à Rome en 1668 par Tinassi, mais qui occulta étrangement le nom de Le Gall son auteur ! Oratorio del cuore overo il modo…per quelli che praticano l’oratione mentale… Joli titre de 15 lignes !
Puis le Dr. Le Gall se vit gratifier d’une boîte des reliques de 6 Saints, avant de rentrer en France, en s’arrêtant à Paris pour y organiser ses éditions.
II-4. En 1669, M Le Gall fit imprimer à Rennes : l’Abbrégé de l’Agneau occis ou Méthode d’Oraison… ou résumé de l’Ouverture du royaume de l’Agneau occis publié en 1660. Cet ouvrage est pratiquement attribué à M Le Gall car il y est dévoilé avec précision et dans la même présentation tous les éléments de son Oratoire du Coeur qui parut à Paris l’année suivante.
II-5. En 1670, voici la première édition de son ouvrage : L’Oratoire du Coeur ou Methode tres-facile pour faire oraison avec Jesus-Christ dans le fond du Coeur. Et représentée en huict figures en taille douce. Par M. De Querdu Le Gall Docteur en Théologie,§ Recteur de Servel en Bretagne. A Paris. Chez Pierre de Bresche et Jacques de Laize-de Bresche, rue Saint Iaques, devant S. Benoit, à l’image Saint Joseph. Dédié à Mgr Grangier, avec l’approbation de L. Bail et Thiersault, Drs. en Théologie. Les gravures des 7 jours de méditation sur 7 phases de la Passion serviront de modèle aux 7 stations du Chemin de Croix actuel.
II-6. En octobre 71, M Le Gall rédigea la présentation du recueil en breton des cantiques du P Maunoir sj* :
« An templ consacret dar passion Jesu-Christ »,
illustré des mêmes figures que dans l’Oratoire du Coeur.
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III -3I ans de Rectorat. 1663-1694
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- En 1663, les signatures d’actes paroissiaux indiquent que pendant plusieurs mois, M Le Gall dans sa fonction de Vicaire Perpétuel de Lannion était en même temps Recteur intérimaire de Servel.
- En 1665, Lors d’un séjour à Tonquédec de Vincent de Meur sj, par ailleurs Directeur du Séminaire des Missions-Etrangères à Paris, Mgr Grangier pria le P. Maunoir sj de venir y organiser une Mission d’évangélisation, comme il en pratiquait partout en basse-Bretagne. Ces Missions magistrales qui rassemblaient durant plusieurs semaines des milliers de pèlerins, étaient encadrées par les membres régionaux de l’Association des Prêtres Coopérateurs à laquelle appartenait M Le Gall. Prêches, confessions, catéchisme, communions, scènes religieuses et processions s’y succédaient pour un succès sans précédent.
Ces missionnaires étaient souvent accompagnés de servantes qu’il faut assimiler à des dames catéchistes et non à des domestiques. Jehanne Le Gall servait Maunoir, comme Marie Guyon assistait Le Gall. C’était une sainte femme de Servel de grande renommée, et dont le coeur à sa mort fut enfermé dans un cippe toujours visible dans l’église.
- En 1671, lors du carême se tint à Lannion une autre grande Mission du P. Maunoir, durant laquelle furent inaugurées des semaines de retraite de 7 jours inspirées de celles préconisées par l’abbé Le Gall dans son Oratoire du Coeur. Cette méthode sera ensuite adoptée par le P. Huby dans sa Maison de retraites de Vannes. En 1676-77, M Le Gall fut nommé Chanoine au Chapitre de Tréguier, mais il résigna au profit de son neveu René Conan, curé de Servel.
– Il y avait à l’église de Servel un oratoire des Cinq Plaies auxquelles était voué un culte particulier. M Le Gall en développa une véritable dévotion dont on trouve encore des vestiges dans des couronnes d’épines autour d’un coeur transpercé, des pieds et mains aux cicatrices du Christ, une Fontaine des Cinq Plaies qu’il fit aménager en 1681 à deux cent mètres de l’église. C’est également le symbole de Servel matérialisé par un vitrail dans la chapelle actuelle et brodé sur une bannière de procession près de la sacristie.
Avec le décès de Marie Guyon en 1687 disparaissait le dernier des grands témoins de sa vie sacerdotale.
– Le 8 janvier 1694, « noble, vénérable et discret Missire Maurice Le Gall étant mort âgé de 61 ans…a été son corps inhumé dans le semitiare…présents andré pierre Le Gall prêtre son nepveu… »
Sa tombe disparut lors de la reconstruction de l’église, mais la pierre tombale en granite fut finalement replacée à la verticale du mur intérieur du bas-côté gauche. Magnifiquement sculptée des symboles des 5 plaies à peine visibles, elle inspire respect et recueillement.
- Le Recteur Philippe Henry qui lui succéda fit ériger les 7 oratoires en granite afin d’abriter les statues dont la datation est recherchée en cours de restauration.
- Le 26 mai 2008, à la suite d’un vote du Conseil Municipal de Lannion, l’Impasse n°3 du Lotissement de Kervouric a été baptisée : Staed Le Gall de Kerdu, recteur et intellectuel de Servel au 17ème s.
*sj : ‘Societatis Jesu’, ou Compagnie de Jésus. Congrégation jésuite. Le Père Julien Maunoir fut rendu célèbre par 450 Missions spectaculaires et mémorables en basse-Bretagne.
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A Servel, décembre 2010. (4ème version).
François Bedel
Le Gall index des oeuvres
2 – INDEX DES ECRITS, PARTICIPATIONS ET EDITIONS DE M. LE GALL DE KERDU
Il y a les écrits auxquels il aurait participé de manière plus ou moins active et ceux dont il est l’auteur reconnu.
2-1 –Participations
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1660- L’Ouverture Intérieure du Royaume de L’AGNEAU OCCIS dans nos coeurs, avec le total assuietissement de l’ame à son divin empire, etc… Par un pauvre villageois, sans autre science ny estude que celle de Jesus-Cricifié. I.A. Laïc
A Paris, chez Denis Bechet & Louis Billaine, rue Saint-Jacques, au Compas d’or, et à Saint-Augustin. 1660, pp606, y compris une importante table des matières. Privilège du Roy : « Notre cher et bien-aimé Maurice Le Gall, prestre de Morlaix, nous a fait remonstrer qu’il a dessein de faire imprimer deux livres, dont l’un, L’Ouverture intérieure… et l’autre Pratique interieure, ou Abrégé d’Oraison…pendant le temps et espace de cinq années…A Paris le 8ème jour de Juillet 1660 ». Approbation du livre par Louis Bail, Dr. en théologie, et Martin Grandin, Professeur en théologie à la Sorbonne et Censeur royal. I.A. tiendrait pour Jean Aumont, vigneron de Montmorency. Mais dans son Histoire Littéraire du Sentiment Religieux, TVII, P321-373, le P. Henri Bremond accorde un crédit à la participation de MM. L. Bail et Le Gall dans cet écrit trop érudit pour un auteur ‘sans estude’.dans cet écrit trop érudit pour un auteur ‘sans estude’.
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1669- Abbregé de l’Agneau occis, ou méthode d’Oraison…. Par un pauvre villageois sans autre science ny étude que… A Rennes chez Jean Vatar, Imprimeur-Marchand libraire, devant le Palais, à la Palme d’or. 1669.
106pp de texte et 57pp de tables alpha par sujet, mais y compris pour le livre dont il est l’abrégé. Cette fois ni les initiales de J.A. ni le nom de Le Gall n’apparaissent. On trouve les thèmes qui seront développés plus tard dans l’Oratoire du Coeur.
1671- Présentation, en manière d’approbation, du recueil en Breton du P. Julien Maunoir : An templ consacret dar Passion Jesu-Christ, illustré des mêmes figures que dans l’Oratoire du Coeur. Ce livre a fait l’objet de plusieurs éditions enrichies. Il accumulerait quelques emprunts entre autres à Le Nobletz et Le Gall de Kerdu, mais son objectif était essentiellement pédagogique.
2-2 – Oeuvres certaines
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A) 1665-6- Méthode très facile pour faire Oraison,
Feuille d’imprimerie pliable en cahier ou à rouler, gravée d’images par Pierre de Bresche. Elle fit l’objet d’un contrat signé le 7 oct 66 avec privilège du Roy pour l’impression d’un traité. Le 24 10 1667, addition au contrat par laquelle P. de Bresche restitue la planche à l’abbé Le Gall. M Le Gall était parti à Rome muni de quelques exemplaires de cette feuille.
Aucun exemplaire de ce document n’a encore été trouvé, mais les gravures de l’Abbrégé pourraient en être extraites ou copiées. Une recherche reste à effectuer au Cabinet des Estampes de la BN : Gravures du XVIIème, gravures du fonds français, T.VI Paris 1973. Sa diffusion eut assez de succès pour être épuisée dans les mois suivants mais on en ignore le tirage. Il aurait été présenté sans doute pour approbation, lors d’une Assemblée du Clergé en 1665 à Paris, très probablement par Mgr Grangier, puisque M Le Gall lui rappella en 1670 qu’il l’agréa en son temps.
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B) L’Oratoire du Coeur ou méthode très facile pour faire oraison avec Jesus-Christ dans le fond du coeur
Environ 34 éditions identifiées, dont 9 seulement à la BNF, et 13 au fonds Jésuite soit 12 à Lyon et 1 au Centre-Sèvres de Paris. (27 identifiées par A. Sauvy) Inventaire à compléter et corriger au rythme des découvertes.
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1668- Oratorio del cuore overo il modo di contemplare Christo Crocefisso dentro l’oratorio del nostro cuore, opera ultissima per quelli che praticano l’oratione mentale Tradatta dal francese in italiano da Anastagio Nicofellii . Roma a spece del Tinassi. 1668. 341pp
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Le nom de l’auteur n’apparait pas. Il faut noter que le traducteur est l’anagramme du nom de l’imprimeur, (Nicolangelo) Nicolo Angelo Tinassi. Exemplaire au fonds jésuite de la BM Lyon.
« Curieusement, mais l’auteur l’affirme, l’édition française fut faite par un ami d’après le texte italien. L’Oratoire du Coeur parut à Paris en 1671 précédé d’une épitre et d’un avertissement » (H. Bremond SJ). Mais : « …Bremond qui s’est lourdement trompé dans tout ce qu’il a écrit sur L’Oraison Cordiale… » ( Le Miroir du coeur, A. Sauvy) !
Cioranescu (XVIIème S. I-271) suggère que L. Bail aurait peut-être été le traducteur en Français, d’après A. Sauvy.
1670- A Paris, chez Pierre de Bresche et J. de Laize-de Bresche , rue Saint-Jacques, devant Saint-Benoit 144p (B.N.)
1672- Pierre de Bresche et Jacques de Bresche, rue Saint Jacques devant Saint Benoit, à l’Image S. Joseph. 8 figures en taille-douce.
1675- Jacques de laize de Bresche. In12° (bibliothèque du collège des Irlandais d’après A. Sauvy)
1677- J. de Laize de Bresche 144p (B.N.)
1679- J. de Laize de Bresche, Paris. 138p in16°. Avertissement et tables ; 9 planches ht eau-forte. (Collection Perraud)
1682- J de Laize de Breche 142 ou 144p.
(Exemplaire à la BNF D18993, en provenance de la Bibliothèque du Roi, relié à la suite d’un autre ouvrage de 1684 par le sr de Montfort, Chan. D’Arras.)
Id – Ed Jean-Baptiste de Ville (BM de Beaune) d’après Anne Sauvy
1687*-a Paris, chez la Vve de Laize-de Bresche., rue Saint Jacques, près Saint Benoit. Querdu Le Gall, Maurice de ; Du Four J. (BM Lyon. BM Beaune d’après A. Sauvy)
1689*- Lyon. Chez Jean Carteron, rue Turpin, proche la Place Royale, 132pp 8 fig in 16°(BM Lyon)
L’Ouvrage acquis par l’association pour la sauvegarde du chemin de croix de Servel appartient à cette édition.
1690*- A Lyon, chez Mathieu Liberal, rue mercière, à la Bonne Conduite. 8 fig en taille douce, 132pp, dont 3 méditations sans gravures (BM Lyon).
1696 -Rouen, J-B Desongne (BM Rennes d’après A. Sauvy)
1697***A Paris, Chez Urbain Coustelier., rue Saint Jacques, au Coeur Bon. 144pp. Augmentée de 3 fig avec leurs méditations pour servir dans les retraites de dix jours.(BN)
1700*- A Lyon, chez Jean Veyron, maître-imprimeur rue du Plat d’Argent vis-à-vis le Flacon. 132pp et 8 fig. (BM Lyon)
1704- Rouen. Pierre le Boucher, Cour du Palais ?
1713*- A Paris, chez Charles Le Clerc, quai des Augustins du côté du pont Saint Michel, à LA Toison d’or, Pierre Morisset, rue Saint Jacques au Coeur Bon, 143pp. Augmentée de 3 figures avec leurs méditations pour servir les retraites de 10 jours. (BM lyon où la 1ère page a disparu avec la date d’édition)
1713- Ed Nicolas de Ville, Lyon. 75p, in 12°. Ex-lib : Les Religieuses Hospitalières de St Joseph, La Flèche – (BN)
1715-Paris ? D’après le P. Gregoire Ollivier
1715- Ed C. Galles, Vannes. BM Nantes D’après Anne Sauvy
1728- Rennes, Vve de N. Audran (AD Cotes d’Armor) d’après A. Sauvy
1694/1728 (Gallia Typographia IV p197)-Morlaix, chez Paul de Ploësquellec. En vers. D’après A. Sauvy
1729- Rennes (selon le père G Ollivier)
1737-Rennes, Vve N. Audran (BM Rennes) d’après A. Sauvy
1738- St-Malo, chez Raoul de la Mare (coll. Pr.) d’après A. Sauvy
1774- par l’abbé de Saint-Fard, chanoine de Paris. Reproduction modernisée de l’édition de 1677, mais sans reproduction des images.
1835*-
1836**- Poussielgue-Rusand. 116p, rue Petit Bourbon (St Sulpice), Paris
-Paris chez Poussielgue-Rusand, librairie rue Hautefeuille n°3, à Lyon chez Pelagaud.
112pp Edition revue et corrigée. Les gravures se vendent séparément. Nouvelles illustrations donc plus de 3ème partie. 10 jours de méditations. (BM Lyon)
1837*-A M.D.G. Tournay, Typographie de J. Casterman, Imprimeur de l’Evêché.
112pp. Nouvelles illustrations. Gravures de Langlois à Paris, assez mièvres. Ouvrage en 2 parties et 112pp plus 38 livres recommandés et 25 ouvrages de St Alphonse de Liguori. La dernière gravure est un coeur surmonté d’une croix dans un foyer de flammes et transpercé de 7 poignards. Les recommandations de lecture de M Le Gall sont abandonnées au profit de 7 nouveaux ouvrages. (BM Lyon)
1838- P. N. Loriquet sj-
Réédité avec autorisation de Mgr de Quélenpar les soins de Mlle de La Fruglaye, Marie-Anne, Maria de La F. 1808-1862, donc avant sa prise d’habit en 1850. Religieuse de la Congrégation de N-D, Chanoinesse régulière de St Augustin au Monastère de Paris dit Des Oiseaux. (Mlle de la F. fut propriétaire du local devenu école des Filles du St-Esprit de Pleumeur-Bodou. Soeur de Caroline, épouse Nicolas Charles Stanislas Louis Marie de Nompère, Vte de Champagny, Secrétaire d’Etat au Ministère de la guerre, mort à Kerduel en Pleumeur-Bodou en 1863).
1839**- Poussielgue-Rusand. Rue Hautefeuille n°9, Paris. 118p, in32°, Ed revue et corrigée ornée de onze gravures (1+7+3). Avertissement : genèse du livre (BN)
1844**- A Paris, chez Poussielgue-Rusand Libraire, 9 rue Hautefeuille, 116pp, 3ème édition, ornée de 11 gravures ; les gravures se vendent séparément chez M. Langlois. (BM Lyon)
1895*. ***-A Nevers, Imprimerie Catholique de L. Cloix, 9 rue Ferdinand Gambon. 129pp ; Ed revue et corrigée par le P. A. Rosette sj. avec nouvelles illustrations.(BN et BM Lyon)
1957 – Paris, Ed du Cèdre, coll. Travailler à bien penser.(Bibl. Diocésaine Dax)
*Ex-Chantilly. Il s’agit de l’ancienne Bibliothèque des Fontaines des Jésuites qui a été déménagée et éclatée entre celles du Centre-Sèvres Universitaire de Paris avec dépôt à Vanves, et du Fonds Jésuite confié à la BM de Lyon.
**- « Après 1697 au plus tard sont ajoutées 3 images correspondant aux 3 méditations afin de donner aux âmes désireuses de faire une retraite de 10 jours de quoi s’occuper intérieurement durant ce temps-là. Sous le visage de St François de Sales, de St Norbert et de St Yves, les nouveaux noms sont consacrés aux mystères de Jésus naissant, de Jésus instituant le Saint Sacrement de l’Autel, et de la Trinité divine »
**-Editions de 1836-39-44 : les gravures sont modernisées.
***A partir de 1895 le texte est enfin corrigé de la coquille rééditée depuis 1670 : L’Auditoire intérieur du coeur devient alors L’Oratoire intérieur du coeur. D’après Anne Sauvy
Avec la collaboration de Danielle Patural pour la BM de Lyon, des annotations d’Anne Sauvy, et d’informations relevées par internet.
Annule et remplace les versions précédentes
François Bedel , 17 décembre 2010
Le Gall baptème
l’oratoire du coeur
«L’Oratoire du Cœur ou méthode très facile pour faire oraison avec Jésus-Christ dans le fond du Cœur»
Ce petit livre a d’abord été publié en italien en 1668 par M. de Querdu Le Gall (Maurice Le Gall de Kerdu) sous le titre:
Oratorio del cuore overo il modo di contemplare Christo Crocefisso dentro l’oratorio del nostro cuore, opera ultissima per quelli che praticano l’oratione mentale. Tradatta dal francese in italiano da Anastagio Nicofellii . Roma in spece del Tinassi. 1668.
Il le rédige lors de son séjour à Rome avec les encouragements de l’entourage du pape:
«Ce petit ouvrage que j’ai composé étant à Rome et qui depuis qu’il a été traduit en français par un de mes amis à la sollicitation de plusieurs personnes de piété …. et puis que notre Saint Père le Pape Alexandre VII a tellement approuvé cette matière d’oraison ..»
Cet ouvrage, traduit en français par un de ses amis, est publié à Paris en 1670 sous le titre :
«L’Oratoire du Cœur ou méthode très facile pour faire oraison avec Jésus-Christ dans le fond du Cœur et représentée en huit Figures en Taille douce par Querdu Le Gall, Docteur en Théologie et Recteur de Servel en Bretagne – 1670»
( A Paris, chez Pierre de Bresche et J. de Laize-Bresché , rue Saint-Jacques, devant Saint-Benoit.)
Ce livre est un ouvrage de format bréviaire (144 pages pour l’édition de 1670).
Son but est de donner aux catholiques une méthode de recueillement :
L’oraison mentale, «élévation de l’esprit vers Dieu», est le recueillement intérieur «qui se fait avec Jésus-Christ dans le fond du cœur» , Le fond du cœur est le ciel intérieur, la chambre intérieure de notre cœur : «la chambre dans laquelle notre Seigneur dit de se retirer n’est autre que la chambre intérieure de notre cœur»
Ce livre se compose de trois parties
- La première partie indique les trois principes sur lesquels est fondée l’Oraison mentale, méditation dans l’esprit.
premier principe :«Dieu a une préférence particulière dans l’âme chrétienne pour y être adoré dans l’Oraison mentale»
deuxième principe : «Encore bien que Dieu soit intimement présent dans nos âmes notre esprit ne peut pas pourtant s’en approcher n’y le contempler parfaitement que par le moyen de Jésus-Christ Dieu et homme.»
troisième principe : «Que pour contempler Dieu en nous il faut considérer Jésus-Christ en Croix et dans les autres mystères de la Passion, comme un objet de foi et d’amour (nous ne pouvons pas réussir dans l’oraison mentale si nous ne nous exerçons vers la Passion du Christ).»
- La deuxième partie décrit la pratique de cette oraison sur les sept phases majeures de la Passion en sept jours de la semaine commençant par le dimanche.
A chaque jour correspond une explication et une image en pleine page: un grand cœur dans lequel apparaît une scène de la Passion du Christ sous le regard d’un Saint ou d’une Sainte.
- dimanche : Jésus-Christ priant au jardin des olives, réduit à l’agonie et suant d’une sueur de sang. Sous le regard de Saint Grégoire.
- lundi : Jésus flagellé (Saint Louis).
- mardi : Jésus couronné d’épines (Sainte Élisabeth).
- mercredi : Jésus présenté au peuple par Pilate disant ces paroles Ecce Homo et condamné à mort (Saint François).
- jeudi : Jésus portant la croix ( Sainte Thérèse).
- vendredi : Jésus en croix (Saint Isidore).
- samedi : Jésus, mort, descendu de la Croix et mis entre les bras de la Sainte Vierge (Sainte Geneviève).
- La troisième et dernière partie propose des explications des gravures contenues dans ce livre.
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Les premières éditions sont identiques de 1670 à 1689, puis sont augmentées de 3 images et 3 méditations afin de donner aux âmes désireuses de faire une retraite de 10 jours de quoi s’occuper intérieurement durant ce temps-là. Sous le visage de St François de Sales, de St Norbert et de St Yves ces additions sont consacrées aux mystères de Jésus :Jésus naissant, Jésus instituant le Saint Sacrement de l’Autel, Jésus dans la Trinité des personnes.
Cette méthode connut beaucoup de succès puisqu’elle fut l’objet d’au moins 34 éditions non seulement à Paris mais un peu partout en France.
Sur ces 34 éditions identifiées 9 sont à la Bibliothèque de France, 12 au fonds jésuite de Lyon et Paris, inventaire à compléter au rythme des découvertes.
Comment peut-on expliquer son succès ?
On peut avancer deux raisons :
- bien évidemment la grande spiritualité de son auteur appuyée sur une grande érudition :
Maurice Le Gall a une grande foi en Dieu, pour lui toute la vie doit être consacrée au recueillement et il croit que :«Dieu est dans notre cœur comme dans un temple intérieur et … nous n’y pouvons entrer avec un esprit recueilli que par les mérites de la Mort et Passion de Jésus-Christ et le secours du Saint-Esprit»
Maurice Le Gall appuie sa foi sur de solides références comme St Augustin, Saint Bonaventure, les Evangélistes …. et conseille la lecture de livres de pratiques religieuses.
- et aussi sa grande pédagogie, son pragmatisme, sa compassion pour ceux qui auraient des difficultés à appliquer la méthode qu’il développe dans ses conseils.
«L’Oratoire du cœur» est bien dans l’esprit de l’époque, esprit de réforme et de réévangélisation. Il fut accueilli immédiatement dans tous les lieux où l’on faisait retraite.
C’est un manuel de pratique spirituelle qui s’adresse aux lettrés. Il vient prolonger parfaitement les missions collectives entreprises par les célèbres missionnaires en France et particulièrement en Bretagne.
L’aboutissement de cet ouvrage sera l’installation autour de l’église de Servel de 7 stations de recueillement où l’on trouvera les 7 statues du Chemin de Croix, identiques à celles des 7 gravures de «L’Oratoire du cœur».
texte préparé par Danielle Patural
Retrouvez « L’Oratoire du Cœur » dans son intégralité au format pdf :
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